EIP : Enfants intellectuellement Précoces.
Enfants, adolescents ou adultes HPI (Haut Potentiel Intellectuel). Ou encore HQI (Haut Quotient Intellectuel). On parle aussi de « surefficients » parce qu’ils pensent beaucoup et très vite, ou encore de « Zèbres » selon Jeanne Siaud-Facchin, psychologue spécialiste de la question (voir bibliographie).
Arrêtons-nous un instant sur cette dernière appellation.
Jeanne Siaud-Facchin a choisi ce terme qui est une jolie métaphore de ce profil singulier. Selon elle « le zèbre est cet animal différent que l’homme ne peut apprivoiser, qui se distingue des autres dans la savane tout en utilisant ses rayures pour se dissimuler, qui a besoin des autres pour vivre et prend un soin très important de ses petits, qui est tellement différent tout en étant pareil. … ». Elle écrit aussi que « Les rayures des zèbres sont uniques et leur permettent de se reconnaître entre eux… Chaque zèbre est différent….. Ces zébrures évoquent les coups de griffes que la vie peut leur donner. Leurs rayures sont aussi de formidables particularités qui peuvent les sauver d’un grand nombre de pièges et de dangers. ».
Quelle que soit l’appellation donnée à ce profil, il est important de savoir s’écarter des mauvais clichés. Ce profil présente des avantages, certes, mais aussi des inconvénients.
Si l’on s’arrête sur le terme « surdoués », chacun peut imaginer qu’il s’agit de quelques chanceux qui réussissent tout, qui sont extrêmement intelligents, qui comprennent tout avec une grande facilité.
Chez les enfants ou les adolescents, on imagine souvent le « binoclard-boutonneux », très sérieux, très discipliné, qui n’a pas les mêmes centres d’intérêt que ses petits copains, ou encore la petite fille « sage comme une image » aux multiples activités, très en avance, très mature, et qui fait la fierté de ses parents.
Certes, ces enfants se distinguent des autres. On les classe souvent dans la catégorie des « intellectuels » parce qu’ils sont très curieux, qu’ils s’intéressent à de nombreux sujets (souvent inattendus chez des enfants), qu’ils lisent beaucoup (en général) pour nourrir leur curiosité, qu’ils apprécient les musées, les ballets et les pièces de théâtre (quand les copains de leur âge s’intéressent plutôt aux derniers jeux à la mode, aux séries ou aux jeux du moment à la TV), qu’ils écrivent de vrais romans avec un imagination débordante (quand d’autres ont du mal à en lire), qu’ils ont plaisir à écouter Brassens, Piaf, ou à lire les écrivains contemporains que lisent leurs parents…
En effet, leur grande curiosité associée à leurs grandes capacités intellectuelles fait d’eux des élèves brillants, vifs et intéressants. Mais pas que ! et pas toujours !
D’abord, tous ne sont pas brillants dans leurs études. On diagnostique pour une partie d’entre eux des troubles associés qui peuvent perturber leur apprentissage :
- hyperactivité,
- dyslexie,
- dyscalculie,
- dyspraxie,
- dysorthographie
- instabilité psychomotrice
- grande anxiété
Et ensuite, lorsqu’ils ne sont pas concernés par ces troubles, ils peuvent se trouver en difficulté parce qu’ils s’ennuient, le programme de leur classe n’est pas adapté à leur grand appétit de connaissances et selon le milieu social dans lequel ils évoluent, ils ne trouvent pas assez de « nourriture » en dehors de la classe. Si rien à côté de l’école n’éveille leur intérêt, s’ils ne trouvent pas de copains avec qui le courant passe, ils ne parviennent pas à trouver leur place et glissent peu à peu dans un malaise.
Bien souvent, ils ne savent pas manifester clairement la frustration qui s’installe et peuvent devenir agressifs, tristes, dépressifs, ou mauvais élèves. Ils peuvent aussi s’adapter au niveau de leurs copains (se sous-adapter) en ignorant leur potentiel, par souci d’appartenance. Dans tous ces cas le mal-être est au rendez-vous. Les effets et symptômes sont alors des difficultés scolaires ou relationnelles, ou le développement d’addictions.
Certains rencontrent des problèmes dès le primaire. Pour d’autres, plutôt bons élèves ou brillants, c’est souvent pendant la période du collège que les difficultés apparaissent ou s’installent.
Lorsque les enfants ou adolescents sont identifiés HPI, ils bénéficient d’une prise en charge au sein de leur établissement. Un plan d’aide personnalisé (PAP) peut ou doit être mis en place. Dans chaque Académie un référent EIP est nommé, un service est à la disposition des parents pour toute question (pour chaque région voir sur le site de l’Académie, rubrique EIP). Sa raison d’être est de veiller à la mise en place de dispositifs pour accompagner au mieux ces enfants dans les établissements scolaires et les aider à s’épanouir.
Les tests peuvent être envisagés à partir de 7 ans. Ils peuvent être préconisés à tout âge ; seulement à l’adolescence si l’enfant n’a pas présenté de signes ou troubles particuliers avant. Certains enfants précoces ne sont jamais détectés et peuvent découvrir leur profil à l’âge adulte…ou jamais.
La précocité intellectuelle n’est pas toujours évidente à diagnostiquer. Même si les professionnels de la santé et de l’éducation sont de plus en plus informés et/ou formés au sujet, il y a encore beaucoup à faire. Les troubles provoqués par la précocité intellectuelle peuvent être assimilés à des troubles psychopathologiques et ainsi s’aggraver si personne n’a pensé à l’opportunité d’une évaluation.
Il est donc urgent de diffuser l’information.
Quelques critères pour reconnaître ces personnalités ?
Hypersensibilité
Hyperesthésie (exacerbation des cinq sens)
Hyperlucidité
Appréhension globale et rapide
Anxiété, peur de l’échec
Curiosité exceptionnelle,
Imagination débordante, grande créativité,
Grande capacité d’observation,
Capacité à faire plusieurs choses en même temps
Persévérance
Grand sens de l’humour
Grand sens de la justice
Idéalisme, altruisme, compassion, empathie
Rapidité d’apprentissage
Incapacité à expliquer raisonnement et procédures
Apprentissage de la lecture seul, très jeune,
Grand intérêt pour la lecture,
Vocabulaire extensif, grande compréhension des subtilités du langage,
Excellente mémoire,
Connaissance sans avoir appris,
Perfectionnisme.
Si l’on reconnaît plusieurs critères dans cette liste il est recommandé de faire un test.
Les évaluations sont réalisées par des psychologues spécialisés (environ 250 euros). Sur dossier ils peuvent être pris en charge par le système scolaire.
Ces enfants grandissent et conservent leur singularité toute leur vie (voir article suivant : adultes surdoués).
Il est important de les aider à grandir et à s’épanouir avec leur différence.
Aujourd’hui cette différence est identifiée, étudiée et reconnue. Il reste du chemin à parcourir pour informer et accompagner, mais de plus en plus de moyens sont mis en place.